Accroissement du pénis

Les produits, méthodes et ustensiles promettant un accroissement du pénis représentent un business important. Leur publicité n’est plus reléguée en fin de magazines pornographiques, mais maintenant diffusée en soirée à la télévision, dans les quotidiens et dans les boîtes e-mail de toute personne sur la planète. Fonctionnent-ils ? Sont-ils sûrs ? Un homme doit-il se préoccuper de la taille de son pénis ? Ce sont les questions que cet article examine.

Pour commencer, nous devons comprendre comment le pénis est construit et comment il fonctionne. Le pénis est composé de trois chambres ; deux corps caverneux qui se trouvent côte-à-côte au sommet du pénis, et un corps spongieux qui est centré sous les deux autres. Le corps spongieux entoure l’urètre et étend la fin du tronc (ou verge) pour former le gland. Les trois chambres contiennent de petites zones caverneuses qui peuvent se remplir de sang pour produire l’érection. Une membrane semi-élastique appelée tunica albuginea entoure les trois corps. Les artères qui nourrissent en sang le pénis sont entourées de fibres musculaires souples qui limitent normalement l’afflux sanguin. Quand un homme est excité, la fibre musculaire se détend et l’afflux sanguin dans le pénis augmente. Les tissus spongieux du pénis se remplissent de sang, créant un gonflement du pénis. La taille du pénis en érection est régie par la membrane tunica albuginea, tout comme le pneu d’un vélo limite l’expansion de la chambre à air qui se trouve à l’intérieur. Tout comme dans le cas du vélo, dès que la limite de la membrane est atteinte, une pression supplémentaire résulte en une dureté accrue plutôt qu’une expansion. Les veines qui drainent le sang hors du pénis sont proches de la surface et sont donc compressées par l’érection, ce qui ralentit donc le flux hors du pénis.

Le seul muscle du pénis est une petite fibre musculaire qui contrôle l’érection, et elle ne peut pas être renforcée comme les autres muscles du corps peuvent l’être par la musculation. Même si elle pouvait l’être, ce serait en vue d’une réduction de l’afflux sanguin vers le pénis, le rendant donc … plus petit. Pour allonger le pénis, le tunica albuginea et les corps spongieux devraient être allongés. Le tunica albuginea est flexible dans une certaine mesure, mais un étirement répété ne permet pas de l’allonger comme ce serait le cas avec les lobes des oreilles.

Un autre point sur lequel nous devons être attentifs est le fait que le FDA ne régule pas les produits d’accroissement du pénis. En effet, un règlement de 1994 indique que les “suppléments alimentaires” ne sont pas régulés s’ils ne prétendent pas guérir d’une maladie. Mais un supplément peut prétendre avoir un effet sur une structure ou fonction du corps. Cela veut donc dire qu’une société peut prétendre qu’un produit accroit le pénis (structure) ou accroit la durée de l’érection (fonction) sans avoir à s’inquiéter que le FDA contrôle un jour cette prétention. Si je mets du persil dans une capsule et que je le vends comme une “ancienne formule orientale” pour l’accroissement du pénis, je ne viole aucune loi aux USA. Les appareils et exercices qui prétendent accroitre le pénis sont aussi exclus de toute supervision gouvernementale.

Une attention particulière est donc de rigueur quand on regarde aux méthodes d’accroissement du pénis. Il n’y a aucune garantie que vous obtiendrez ce pour quoi vous payez, aucune preuve que cela va fonctionner et aucuns recours possible si cela ne fonctionne pas. Pire encore, il n’y a aucune garantie que le produit, appareil ou exercice recommandé soit sûr. Les herbes ne sont pas non plus régulées, bien que certaines aient démontré des effets désagréables.

Une dernière chose doit être couverte avant de regarder aux diverses méthodes proposées sur le marché : quelle est la taille moyenne du pénis ? Dans un sondage Internet, 69% des hommes ont surestimés la taille moyenne du pénis, certains de beaucoup. Pendant longtemps, des études faites par Kinsey1 à la fin des années 40 étaient citées, mais il y avait plusieurs problèmes avec ces études. L’étude de Kinsey était basée sur une réponse volontaire d’hommes qui répondaient à une carte postale de son institut. Cela nous donne deux problèmes : les hommes ont pu exagérer, et l’échantillon n’est pas valide démographiquement. Il a été trouvé depuis (oh surprise !) que les hommes avec un grand pénis étaient plus favorables à une mesure que les hommes qui en ont un petit. Les sites web qui tentent de convaincre les hommes qu’ils ont besoin d’avoir un sexe plus grand donnent une longueur moyenne de 15,25 cm (6 pouces) et plus, mais la science dit autre chose.

Quelle est donc la moyenne ? Ces dernières années, il y a eu plusieurs études réalisées correctement d’un point de vue statistique et scientifique. L’étude la plus fameuse est celle réalisée par l’Université de l’Ecole de de Médecine de Californie rapportée dans le Journal d’Urologie en 1996, qui a trouvé que la taille moyenne du pénis en érection est de 13 cm (5.1 pouce). Des études réalisées par le département d’Urologie de l’Université de Florence en Italie et l’Hôpital St-Mary à Londres, ainsi que d’autres institutions médicales ont toutes donné des résultats allant de 12,78 à 13,46 cm (5,03 à 5,3 pouces).

Laissons de côté tous ces chiffres et regardons les méthodes proposées sur le marché pour un accroissement du pénis.

  • Pilules: avec un peu de raisonnement, on comprend vite pourquoi cela ne peut pas fonctionner. Quelle sorte de médicament pourrait entrer dans la circulation sanguine et n’affecter que les tissus spécifiques du pénis ? Ce serait comme créer une pilule qui rendrait le nez plus gros.
  • Crèmes : cela semble un peu plus raisonnable dans la mesure où on l’applique sur le pénis, mais tout ce qui est appliqué va être emporté par le flux sanguin avant de pouvoir atteindre la tunica albuginea ou le corps spongieux. En fait, ce serait une avancée majeure pour les sociétés pharmaceutiques qui tentent en vain de trouver une cure contre l’impuissance qui puisse s’appliquer comme une crème plutôt que par injection. Jusqu’ici, le meilleur moyen qu’elles ont trouvé est une injection dans l’urètre (aïe !).
  • Exercices d’étirement, poids et appareils d’étirement : ceux qui promeuvent ce genre de techniques offrent une variété d’explications sur la façon dont elles fonctionnent, mais la plupart sont totalement contraires à la façon même dont le pénis est conçu. Certaines parties du corps peuvent être agrandies par un étirement mécanique, mais il n’a jamais été démontré que cela fonctionnait sur le pénis et les experts doutent que les tissus qui sont concernés puissent être étendus de cette façon. Bref, étant donné la possibilité théorique et le manque d’études qui vérifieraient indépendamment les résultats de ces techniques, il n’y a pas de preuve scientifique pour dire que ces méthodes ne fonctionnent pas … mais il n’y en a pas non plus pour affirmer qu’elles fonctionnent. Par contre, ce qui n’a pas non plus été déterminé est de savoir si ces méthodes peuvent faire du mal. Certains urologues ont fait part de leurs inquiétudes par rapport à des cicatrices, des dommages aux nerfs ou aux vaisseaux sanguins ainsi qu’à un accroissement de la maladie de Peyronie (syndrome de déviation du pénis). Alors qu’il y a quelques cas isolés annoncés de tels dommages, les preuves à disposition sont loin d’être conclusives. Avec le temps, nous saurons si ces méthodes sont sûres ou non et comme cela prendra sans doute plus de 20 ans avant qu’on puisse prouver l’une ou l’autre des conclusions, ce sera peut-être trop tard pour certains.
  • Jelqing: le Jelq est la méthode d’accroissement du pénis la plus vantée aujourd’hui. De manière basique, le jelqing consiste en un mouvement de “traite” (oui, comme les vaches !) du pénis qui est supposé accroître graduellement la taille et la circonférence du pénis. Une étude des sites qui préconisent cette méthode nous fait néanmoins tirer la sonnette d’alarme.
    • La méthode est prétendument utilisée par des hommes du Moyen Orient depuis des siècles. Mais personne ne peut prouver cette affirmation, et quand le site médical WebMD.com a fait des recherches sur le sujet et interrogé les plus grandes universités en termes d’histoire et de médecine à son sujet, personne n’en avait jamais entendu parler.
    • Plusieurs sites suggèrent que l’accroissement se fait en brisant puis en reconstruisant les tissus du pénis comme vous le feriez pour rendre vos biceps plus gros. Mais il n’y a pas de tissus de cette sorte dans le pénis.
    • Les détails sur la façon dont fonctionne le jelq varient fortement d’un site à l’autre. Certains insistent sur le fait que cela ne fonctionne que si le pénis est en érection, alors que les autres préviennent que le faire en pleine érection va causer des dommages.
  • Chirurgie: à ce jour, il existe deux techniques qui permettent en effet aux médecins d’ajouter de la longueur, mais elles sont toutes deux pleines de risques. Pour une certaine longueur, le médecin peut couper les ligaments qui attachent le pénis à l’os pelvien et tirer le pénis au dehors quelque peu. Cela fait “gagner” à l’homme un peu moins de 3 cm (1 pouce), mais il y a un risque d’infection et le pénis peut devenir moins stable car il n’est plus ancré. Pour plus d’ampleur, de la graisse peut être injecté dans le pénis. Malheureusement, la graisse ne reste pas en place, se fragmente et quitte graduellement le pénis.

En résumé, les crèmes et les pilules ne peuvent pas fonctionner et la chirurgie peut créer de gros dommages. Les méthodes “non prouvées” ont une chance théorique de provoquer un certain accroissement, mais elles ont surtout de réelles chances de provoquer des problèmes à long terme. A la fin, chaque couple (oui, cela appartient aussi à votre femme !) doit peser les risques vis-à-vis des bénéfices possibles.

Pour terminer, il est tout de même bon de se demander si la taille joue un rôle et si un pénis peut être trop gros ! Nous avons entendu plusieurs hommes et femmes qui avaient des problèmes dans leurs relations sexuelles à cause de leur sexe trop gros. Le livre “The Kinsey Institute New Report on Sex”  (ndt : “Le nouveau rapport sur le sexe de l’Institut Kinsey”) édité en 1990 indique que plus de femmes mentionnent des préoccupations et de l’appréhension à propos de pénis trop gros plutôt que le fait d’être mécontente à cause d’un pénis trop petit.


Copyright © The Marriage Bed. Reproduction et traduction avec l’autorisation des auteurs.

 

1 Alfred Charles Kinsey, professeur d’entomologie et de zoologie, célèbre pour avoir publié deux importantes études sur le comportement sexuel de l’homme et de la femme en 1948 et 1953.

 

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