Ejaculation féminine

Cet article suppose que vous ayez déjà lu celui qui concerne le point G pour une meilleure compréhension.

“Les femmes allaitent, les hommes éjaculent” dit un vieux dicton (ndt : anglo-saxon à priori, “Women lactate, men ejaculate”). Il s’avère en fait que certaines femmes, peut-être beaucoup, font en fait les deux. Des déclarations de femmes expérimentant un jet de fluide lors de l’orgasme remontent à plusieurs siècles, mais ce n’est que relativement récemment que la science (occidentale) a pris ces histoires au sérieux.

Nombreux sont ceux qui expliquent encore cela comme de l’urine éjectée de l’urètre lors de l’orgasme à cause d’une perte momentanée du contrôle de la vessie. Bien que cela puisse arriver à un nombre assez restreint de femmes, cela n’explique pas l’expérience partagée par certaines : le fluide ne ressemble pas à de l’urine, ne sent pas l’urine et il a été prouvé par de nombreuses analyses chimiques que ce n’est pas de l’urine. Ces femmes produisent une petite quantité d’un fluide clair qui n’a que quelques traces d’acide urique; cela indique que le fluide sort via l’urètre, mais qu’il ne vient pas de la vessie. Chimiquement, le fluide est très similaire à celui qui est produit par la prostate masculine.

Des études ont montré que le fluide provient de la “prostate féminine”, plus justement connue sous le terme de glandes para-urétrales, et souvent référée comme le point G. Durant la grossesse, l’homme et la femme démarrent avec les mêmes tissus et ce n’est qu’après environ 40 jours que les organes génitaux commencent à être différents entre le foetus masculin et féminin. Les tissus qui deviennent la prostate chez l’homme ne disparaissent pas simplement, mais ils deviennent les glandes para-urétrales qui entourent l’urètre. Sur la base de dissections, nous savons que la quantité de tissus glandulaire varie d’une femme à l’autre et certaines femmes n’ont pas de tissu glandulaire discernable dans leur point G.

Chez certaines femmes, les glandes para-urétrales produisent du fluide quand la femme est hautement excitée. Les glandes étant ouvertes vers l’urètre, la contraction musculaire provoquée par l’orgasme force le fluide dans ce canal puis en dehors du corps, créant une sorte d’éjaculation. Certains prétendent que toutes les femmes peuvent “apprendre” à éjaculer, mais la biologie suggère quelque chose de différent ; les femmes qui n’ont pas de tissu glandulaire ne peuvent pas produire quoi que ce soit à éjaculer. D’autres femmes peuvent produire quelque chose, mais en quantité si faible qu’il n’est pas décelable parmi les autres fluides que les relations sexuelles produisent. De telles quantités ne peuvent pas jaillir, mais plutôt s’égoutter après l’orgasme, plus ou moins comme le fait le sperme quand un homme à un orgasme presque “sec”. Il est aussi possible que le fluide s’écoule avant l’orgasme ; les hommes ont un sphincter (une sorte de valve) à la sortie de la prostate afin que le fluide ne s’écoule pas, mais les femmes n’en ont pas. Il a aussi été spéculé que chez quelques femmes le fluide est envoyé vers le haut, dans la vessie.

Quelques études ont montré quelques indications d’éjaculat de femme dans l’urine après l’orgasme, mais il n’a pas été montré si cela était du à une éjaculation rétrograde (dans la vessie) ou simplement que l’urine avait nettoyé l’urètre d’un peu de fluide en coulant dans l’urètre. Dans une récente étude du Dr. Santamaria Cabello1, de l’antigène prostatique spécifique a été découvert dans l’urine post orgasme de 75% des femmes testées. Cet antigène ne peut provenir que des glandes para-urétrales, indiquant donc une apparente éjaculation. La plupart de ces femmes n’ont toutefois pas montré une éjaculation, suggérant soit que la quantité de fluide était faible, soit qu’il s’était dirigé dans la vessie. Avec seulement 24 participantes, l’étude était quelque peu limitée, mais elle suggère tout au moins que la plupart des femmes éjaculent au moins un petit peu.

Certaines femmes vivent une grande angoisse parce qu’elles ne connaissent pas ce phénomène. Anxieuses à l’idée de penser qu’elles urinent, ou accusées de cela par leur mari, ces femmes peuvent trouver que le seul moyen d’éviter l’éjaculation est de ne pas avoir d’orgasme. Le fait de découvrir qu’elles sont parfaitement normales et d’expliquer à leur mari qu’elles n’urinent pas fait une énorme différence.

Ironiquement, la conscience grandissante de l’éjaculation féminine a créé un autre problème : les femmes (ou leur mari) qui s’inquiètent et pensent que quelque chose ne va pas parce qu’elles n’éjaculent pas. Certaines personnes sont devenues “les évangélistes de l’éjaculation féminine”, proclamant que chaque femme peut éjaculer, et celles qui ne le font pas passent à côté du “meilleur sexe” qu’elles puissent avoir. Une partie du zèle que ces personnes exhibent peut être basée sur une mauvaise supposition à propos des causes et effets. Certaines femmes qui éjaculent disent que ces orgasmes sont meilleurs que ceux sans éjaculation, et certains semblent penser que c’est l’éjaculation qui rend l’orgasme meilleur. Une hypothèse plus vraisemblable est que seul un orgasme intense provoque l’éjaculation chez les femmes qui ont les tissus pour le faire. L’idée que le meilleur orgasme “sec” est inférieur à un orgasme avec éjaculation n’est pas soutenue scientifiquement. Par ailleurs, certaines femmes disent que leurs orgasmes secs ou avec éjaculation sont très différents et qu’elles se sentent insatisfaites sans un orgasme “réel” sec à la fin. Le point de base est qu’aucune femme ne devrait se sentir trompée parce qu’elle n’a pas besoin d’une pile de serviettes sous elle lorsqu’elle a des relations sexuelles.

Un autre facteur dans tout cela est que l’industrie pornographique s’est approprié le phénomène de l’éjaculation féminine. Comme dans tout ce qu’elle produit, elle a tordu et exacerbé la vérité jusqu’à un point ridicule. La pornographie a encouragé l’idée que toutes les femmes pouvaient éjaculer. Elle a aussi grandement exagéré la quantité de fluide qui est éjecté. Les histoires d’éjaculer près d’un litre en une heure sont justes ce qu’elles sont : des histoires. Il n’y a aucun moyen pour le corps de produire autant de fluide aussi rapidement. Ceci dit, certaines femmes éjaculent plus que d’autres. Cela a longtemps été un sujet de dispute. Dr. Perry dit ceci : “Whipple et moi continuons à réserver le terme ‘éjaculer’ pour le fluide qui provient des glandes homologues à la prostate chez la femme. Ce ne sont que quelques cuillères à thé au mieux”. Perry et ses confrères ont suggéré que l’éjection d’une quantité plus importante est un phénomène différent provenant d’une autre source. La meilleure théorie courante, et celle qui rentre le mieux dans le cadre de diverses études et analyses chimiques, est qu’un haut degré d’excitation prolongé provoque la production rapide par les reins d’une urine très diluée. Une étude du Dr. Gary Schubach a trouvé qu’au moins la moitié des femmes avaient une combinaison de cette urine diluée et d’éjaculat “normal”. Peut-être que ces deux fluides ont une détente biologique similaire, ou peut-être que seules les femmes qui expérimentent une éjaculation “régulière” libèrent aussi de l’urine diluée. Quelque soit le cas, profitez de tout ce que Dieu vous permet de profiter !

Remarque finale

Même si une femme a une petite éjaculation, cela peut être salissant. La quantité de sperme qu’un homme éjacule peut déjà provoquer pas mal de salissures, mais comme en plus l’éjaculat féminin est plus liquide, il peut se répandre d’autant plus. Etant sujet à la gravité terrestre (oui !) il peut rapidement imprégner plusieurs couches de serviettes et laisser une trace mouillée sur le lit. Certain couples ont recours à une couverture de matelas imperméable, mais c’est peut-être un peu extrême ; une seule serviette avec une couche plastifiée en dessous est suffisante (gardez un morceau d’un vieux rideau de douche dans votre table de nuit !).


Copyright © The Marriage Bed. Reproduction et traduction avec l’autorisation des auteurs.

1 Etude disponible (en anglais) sur drgspot.net.

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